Il existe des plusieurs classifications permettant d’identifier et de décrire les tourbières en fonction de leurs diverses caractéristiques.
On peut distinguer les tourbières en fonction de :
Leur acidité (pH) :
- Les tourbières acides avec un pH plus bas, descendant jusqu’à pH 3 ;
- par rapport aux tourbières basiques et alcalines, avec un pH plus élevé, montant jusqu’à pH 8.
Leur niveau trophique (teneur en éléments nutritifs, notamment azote et phosphore) :
- Les tourbières oligotrophes, pauvres en éléments minéraux ;
- Les tourbières mésotrophes, intermédiaires en teneur d’éléments minéraux ;
- Les tourbières eutrophes, riches en éléments minéraux. Ces dernières sont parfois dues à la minéralisation (dégradation) des tourbières initialement oligotrophes ou mésotrophes.
Leur alimentation hydrique actuelle :
- Les tourbières minérotrophes ou géotrophes, alimentées par l’eau souterraine,
- avec des caractéristiques des sols et des substrats de son bassin versant (pouvant être acide ou basique, oligotrophe à eutrophe…).
- Les tourbières ombrotrophes, alimentées surtout par l’eau des précipitations (pluie, neige, brouillard)
- qui sont toujours acides et oligotrophes lorsqu’elles sont en bon état.
- Les tourbières mixtes, ayant des secteurs à tendance minérotrophe et d’autres à tendance ombrotrophe.
- La dominance relative peut évoluer entre ces deux ‘pôles’ au fil du temps.
Leur alimentation hydrique initiale et les processus à l’origine de la tourbière :
- Les tourbières géogènes, formées à partir des eaux de surface ou souterraines, dont :
- Les tourbières topogènes, nées de ruissellements ou d’une nappe affleurante dans une dépression ;
- Les tourbières limnogènes, nées de l’atterrissement d’un plan d’eau par des radeaux végétaux ;
- Les tourbières soligènes, nées des écoulements continus le long d’une pente (sources, suintements) ;
- Les tourbières fluviogènes (ou telmatogènes) nées des inondations périodiques par un cours d’eau ou une nappe alluviale ;
- Les tourbières thalassogènes, au contact entre des eaux douces et des eaux marines ;
- Les tourbières ombrogènes, nées de la précipitation abondante, dont les condensarogènes nées de la condensation atmosphérique.
Leur végétation dominante, par exemple les tourbières à sphaignes, à grandes ou à petites laîches, à roseaux…
Leur morphologie, comme les tourbières plates et les tourbières bombées.
Leur situation géomorphologique, par exemple les tourbières de fond de vallon, de pente, de surcreusement glaciaire…
Leur contexte climatique et biogéographique, par exemple les tourbières boréales, atlantiques, continentales, méditerranéennes, tropicales…
Leur état de conservation, notamment en lien avec leur historique d’utilisation par l’homme (pâturage, sylviculture, exploitation de tourbe…)
Dans la réalité du terrain, il est important de prendre toutes ces considérations en compte dans la caractérisation d’une tourbière, et une seule typologie ne suffit que rarement pour bien décrire un site. Des hybrides, des formes intermédiaires entre deux ou plusieurs catégories, et des particularités locales nous obligent à caractériser chaque site de façon plus ou moins unique.
- Les diverses typologies des zones humides de façon générale souvent utilisées en France, dans lesquelles on peut également situer les tourbières également.
- La typologie HGM (hydrogéomorphologique) des zones humides, utilisée par l’Office français de la biodiversité pour, par exemple, la méthode nationale d’évaluation des fonctions des zones humides.
- La typologie des tourbières développée par Philippe Julve et Olivier Manneville, souvent citée dans les ouvrages sur les tourbières en France (voir paragraphe ‘alimentation hydrique initiale’ plus haut) et recouvrant beaucoup avec la typologie HGM.
- La typologie des tourbières de Pierre Goubet, basée également sur le mode d’alimentation en eau mais plus simplifiée et basée sur les connaissances actuelles (2023).